L’écart d’emploi reste tenace à Bruxelles : “Nous devons mesurer ce qui compte vraiment”

La députée bruxelloise Imane Belguenani a interpellé le ministre Bernard Clerfayt à la suite d’une récente étude du prestataire RH Acerta. Cette analyse, basée sur les chiffres d’Eurostat de 2024, révèle que l’écart de taux d’emploi entre hommes et femmes est nulle part aussi important qu’en Région bruxelloise. Les femmes, les plus de 55 ans et les personnes peu qualifiées sont particulièrement à la traîne. En outre, Bruxelles reste la région avec le taux d’emploi le plus bas du pays.
Pour Imane Belguenani, ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité. « Le taux d’emploi est une donnée statique qui ne tient pas compte de la réalité bruxelloise », affirme-t-elle. « De nombreuses personnes qui trouvent un emploi stable quittent la Région. Parallèlement, des villes comme Bruxelles attirent des personnes en recherche d’emploi. Si nous voulons vraiment savoir si Actiris fonctionne, nous devons nous pencher sur le taux d’activation : combien de personnes mettons-nous effectivement en mouvement vers l’emploi ? »
C’est là, selon elle, que le bât blesse. Un audit précédent de la Cour des comptes a révélé que l’accompagnement et le contrôle des demandeurs d’emploi sont strictement séparés à Bruxelles. En Flandre et en Wallonie, ces volets sont mieux intégrés, ce qui permet une approche plus efficace. Belguenani souligne que ce problème structurel est également reconnu en interne. Dans une interview récente, Caroline Mancel, numéro deux chez Actiris, a admis que la procédure de contrôle est trop lourde et devrait être réformée. Mais selon elle, les syndicats au sein d’Actiris bloquent cette réforme. Par ailleurs, elle est restée vague sur la politique de sanction, et a laissé entendre que les chercheurs d’emploi bruxellois ne sont pas obligés d’accepter un travail en Flandre. Ce qui est incorrect, selon Belguenani : « La législation fédérale est claire. La frontière régionale ne peut pas être un critère pour un emploi convenable. Seule la distance ou l’accessibilité peut l’être. »
Lors de son intervention au Parlement, Belguenani a posé deux questions concrètes au ministre Clerfayt :
- Le gouvernement bruxellois dispose-t-il de chiffres concernant le taux d’activation des chercheurs d’emploi, ventilés selon le sexe et le niveau d’instruction ?
- Actiris applique-t-il le contrôle de la disponibilité et la politique de sanctions conformément à la législation fédérale, et est-il vrai que les réformes du processus de contrôle sont bloquées ?
Selon Belguenani, Bruxelles doit changer de cap. « Bruxelles a droit à une politique d’activation efficace qui ne se limite pas à enregistrer les chercheurs d’emploi, mais les accompagne vers des emplois durables. Ceux qui veulent travailler doivent être aidés. Mais ceux qui refusent de faire des efforts doivent également être interpellés. C’est la seule façon de construire un marché du travail juste et dynamique à Bruxelles. »
Dans le débat sur la limitation dans le temps des allocations de chômage, Belguenani adopte également une position claire. « La limitation des allocations de chômage et les conséquences majeures pour Bruxelles sont en partie dues à Bruxelles elle-même », affirme-t-elle. « Actiris, l’agence bruxelloise pour l’emploi, n’a pas suffisamment misé sur l’activation ces dernières années. À ma question d’actualité, le ministre Clerfayt l’a confirmé : le contrôle de la disponibilité par Actiris est insuffisant. Il n’y a cependant pas de majorité pour y remédier. Open Vld continue de plaider pour une politique d’activation juste, mais stricte et efficace. La limitation du chômage dans le temps est une mesure de grande portée, mais elle obligera Bruxelles à devenir plus rigoureuse. »